La route commence au guichet
Avant de rouler, il faut d’abord prouver qu’on en a le droit. Entre les promesses d’harmonisation européenne et la réalité des formulaires, le chemin se complique. Un pas après l’autre, entre doutes et petites victoires, le dossier s’étoffe. Peut-être qu’un jour, la route commencera vraiment.
Avant de pouvoir sillonner les routes à l'assaut de nouvelles aventures, il faudra - notamment - passer par celles de l'administration.
Le chemin s'annonce complexe, mais espérons-le pas impossible.
Le véhicule est hollandais et dispose de papiers en ordre (de leur point de vue). Aux dires de l'ancien propriétaire, la réglementation concernant les véhicules semble plus souple au Pays-Bas.
Une première difficulté tient à ce que ce type de véhicule ne semble pas avoir fait l'objet d'une réception sur le territoire belge. Il n'y a pas été commercialisé par le passé.
Les papiers hollandais disponibles seront-ils suffisants? Si pas, que faudra-t-il fournir d'autre?
Entre la première immatriculation du véhicule et aujourd'hui, il y a eu quelques promulgations de lois visant à uniformiser le marché automobile européen. C'est a priori une bonne chose pour le projet puisque ces lois permettraient, avec une simplicité de papier, d'importer plus facilement des véhicules d'autres pays européens.
Comme souvent, dans la pratique, la concrétisation de nos rêves se retrouve rapidement en marge des cas prévus par le cadre législatif. La résolution n'est plus aussi évidente qu'énoncée. L'uniformisation européenne (et les souhaits de simplicité qui aurait dû en découler) était sans compter la créativité de ses ressortissants.
Malgré de nombreuses lectures et de savants recoupements d'information, il s'avère très difficile d'établir dans quelle case on se retrouve, d'autant que les cases entre elles ne semblent pas toujours s'ordonner de façon cohérente.
Ce projet ne coupera pas à la malédiction du certificat manquant. Malédiction portée par cette nécessité légale et justifiable, au final propre à chaque pays, de devoir avoir tel ou tel certificat.
En achetant le véhicule, il y avait:
- Un ancien certificat d'immatriculation radié
- Un certificat de la Rijksdienst voor het Wegverkeer (RDW), l'autorité hollandaise d'approbation des véhicules, qui atteste de la conformité du véhicule à la norme européenne 96/53/CE
Rien de plus, c'était un peu maigre.
L'intuition première:
Pas possible d'immatriculer quoique ce soit avec ces deux-là.
Confirmation empirique:
Lors du contrôle technique, munissez vous du COC (certificate of conformity) de votre véhicule...
Outre le signal E705 à introduire auprès de l'administration générale des douanes et accises, une première action a été naïvement d'écrire à Mitsubishi Motors Nederlands pour obtenir un duplicata du certificat de conformité européen.
Malheureusement, la réponse fût qu'il n'existait pas de certificat européen pour ce véhicule mais qu'ils pouvaient me délivrer un certificat de conformité de l'homologation nationale.
Pas la bonne case, mais pas d'autres chemins, essayons par là.
Après quelques échanges d'informations, Mitsubishi NL m'envoient très cordialement l'attestation promise: the Dutch National Type-Approval MIBV-1782 avec en pièce jointe, les spécifications techniques. Ces dernières ressemblent fortement aux exemples de COC que l'on peut apercevoir sur la toile, à la différence près qu'il n'est pas libellé COC.
Prévenant dans leur email, ils expliquent que grâce à cela, il devrait être possible d'obtenir un équivalent belge.
Un pas après l'autre.
Fort des ces attestations hollandaises, le prochain jalon sera de contacter leurs homologues de Mitsubishi Motors Corporation Belgique pour obtenir un certificat équivalent d'origine belge.
Les temps d'attente entre chaque échange paraissent interminables.
Suite au courrier à Mitsubishi Motors Belgique contenant (bien entendu) les attestations hollandaises, ils confirment qu'ils peuvent faire quelque chose, sans plus de détails. Pour cela la demande doit venir d'un de leur concessionnaire. Il y a évidemment des frais liés à l'émission de ces documents et c'est au concessionnaire de les encaisser.
Fort des attestations hollandaises et de la confirmation de Mitsubishi Motors Corporation Belgique, vient le moment de contacter les rares concessionnaires encore agréés Mitsubishi pour obtenir un certificat belge équivalent. À mes demandes sont évidemment joints les accords de principe et autres attestations, comme autant d'amulettes pour conjurer l'impossible.
C'est aussi l'occasion, puisqu'un canal de communication fonctionnel se profile, pour glisser la demande d'autorisation du constructeur à modifier le véhicule en autocaravane.
Après quelques coups dans l'eau, des semaines d'attente et de relance, une réponse tombe:
Votre demande a été transférée à l'importateur (...) Nous vous tiendrons au courant.
Quinze jours passent, autre nouvelle du concessionnaire, ça semble possible. Il émet les factures et fera les demandes après réception du paiement.
Sans délais, le paiement est fait. Encore une petite quinzaine, mais qui cette fois passera beaucoup plus vite.
Puis, c'est annoncé, les documents sont à relever chez le concessionnaire.
Sans plus attendre, un aller-retour en train le lendemain, un lift jusqu'au concessionnaire (car pas de voiture, pas encore).
Le cœur palpitant, les enveloppes en poche, c'est un peu Noël.
Le dossier s'étoffe alors de 3 nouveaux documents:
- Un certificat de conformité belge (mais pas européen) 🎉
- Un autocollant (!?) mais crucial paraît-il 🙃
- Une autorisation de modification du véhicule en autocaravane 🎉

Il aura fallu quelques mois d'échange d'e-mails, des doutes, du découragement et de la motivation.
En discutant avec quelques professionnels, il se pourrait que le dossier soit maintenant suffisant pour tenter une immatriculation.
Mais ne faut-il pas mieux le transformer en autocaravane avant?
Affaire à suivre.